- 14 Décembre 2016
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- 6 162
- Localité
- Paris
- Véhicule
- Toyota Prius 4
La signature de cette charte a pour objectif d'améliorer la sécurité des voyageuses. Il y a un peu plus d'un an, les récits de victimes de violences sexuelles ou de harcèlement lors d’une course VTC avaient envahi les réseaux sociaux.
Un peu plus d’un an après le lancement du mouvement #UberCestOver, les leaders du secteur du VTC essaient de montrer patte blanche. Une charte d’engagement pour la protection des femmes a été signée ce jeudi par Uber, Heetch, Bolt, Freenow (ex-Kapten) et LeCab en présence de la ministre déléguée chargée de l’Egalité, Elisabeth Moreno, et du ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Fin novembre 2019, les récits de victimes de violences sexuelles ou de harcèlement lors d’une course VTC avaient envahi les réseaux sociaux. Ce mouvement, lancé par Anna Toumazoff, qui tient le compte Instagram @MemesPourCoolKidsFéministes, avait mis en lumière les failles sécuritaires des plateformes de VTC et particulièrement du leader du secteur Uber.
Une première rencontre avait eu lieu mi-décembre entre Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat à l’Egalité, et le géant du VTC. Uber avait notamment annoncé la mise en place d'«un système d’identification en temps réel des chauffeurs» afin de lutter contre le phénomène des faux chauffeurs, la possibilité pour les victimes d’être accompagnées par le Collectif féministe contre le viol et promettait une sensibilisation accrue des chauffeurs.
«Le signal gouvernemental n’est pas terrible»
Cette charte, non contraignante, s’inscrit dans cette lignée. Le premier engagement : «Mettre en place des actions de formation initiale et continue ainsi que de sensibilisation des chauffeurs et des salariés.» Le deuxième : «Renforcer la sécurité des passagers en mettant en place des outils et des fonctionnalités dédiées.»
Le communiqué cite pêle-mêle la mise à disposition d’un bouton d’urgence, du partage de suivi d’un trajet ou encore du positionnement GPS. Des outils déjà intégrés par Uber. Les plateformes s’engagent également «à traiter avec attention et célérité les signalements» de femmes victimes, «à leur donner une réponse appropriée» et à les informer de leurs droits en les orientant notamment vers les organismes et associations adaptées. Les ministères promettent que les actions mises en place dans ce cadre seront évaluées tous les six mois par l’ensemble des signataires.
Les femmes «doivent pouvoir se déplacer en toute sécurité. A travers la signature de cette charte, le gouvernement traduit concrètement son engagement en faveur de la lutte contre toutes les formes de violences et pour la préservation de la sécurité de toutes», déclare Elisabeth Moreno dans un communiqué en se réjouissant que les professionnels du secteur «s’associent à cette démarche de manière concrète». Contactée par Libération, Anna Toumazoff estime que le moment a été mal choisi : «Le signal gouvernemental n’est pas terrible. Il y avait d’autres annonces à faire au lendemain de la journée très symbolique du 25 novembre et un an après #UberCestOver qu’une charte signée avec une entreprise qui s’est fait remarquer l’an dernier pour des violences sexuelles.»
«Une multinationale qui a fini par plier»
Difficile de mesurer à ce stade l’impact réel que cette charte de bonnes pratiques peut avoir. Uber a embrayé en envoyant son propre communiqué détaillant les mesures déjà prises ou à venir comme le lancement d’une campagne de communication sur le refus des violences ou encore «l’intégration prochainement d’une vidéo de sensibilisation obligatoire pour les chauffeurs directement dans leur application», nous annonçait Rym Saker, porte-parole d’Uber France il y a un moins d’un mois. Ces dernières ont été réalisées en collaboration avec les associations RAINN, HandsAway et SOS Homophobie.
Les procédures d’accompagnement des victimes ainsi que les messages qui leur étaient envoyés, dénoncés par de nombreuses victimes comme inappropriés ou inexistants, ont aussi été revus. Un formulaire disponible pour les forces de l’ordre a également été élaboré pour les aider à saisir la plateforme en cas d’incident. Un point également relevé comme problématique par les femmes victimes.
«Je ne suis pas là pour juger si Uber est de bonne foi ou si c’est de la com, mais on est quand même sur une multinationale qui a fini par plier face à des petites pages Instagram et des témoignages, estime Anna Toumazoff. Ce n’est pas parfait, justice n’a toujours pas encore été rendue aux victimes, mais des choses avancent. L’urgence est là.» D’autres mesures importantes se font toujours attendre comme la création d’une base de données officielle, commune à toutes les plateformes VTC, empêchant aux chauffeurs (autoentrepreneurs) de continuer à travailler chez l’un quand il a été suspendu chez l’autre. L’intégration d’un module obligatoire de prévention sur les violences sexuelles dans l’examen VTC commun à tous les professionnels du secteur n’est pas non plus à l’ordre du jour
Un an après #UberCestOver, une charte d'engagement signée par les professionnels des VTC
La signature de cette charte a pour objectif d'améliorer la sécurité des voyageuses. Il y a un peu plus d'un an, les récits de victimes de violences sexuelles ou de harcèlement lors d’une course VTC avaient envahi les réseaux sociaux.
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